Petite histoire : bientôt 100 ans !

Bientôt 100 ans!

Et oui, le café du Puech remonte à 1921 comme en atteste sa façade principale art déco. A cette époque, Saint Bauzille comptait trois cafés . Louis Bonnet, au retour de la grande guerre, amputé d’un bras, eut l’audace d’imaginer un établissement d’une grande modernité pour l’époque. Les cafés ruraux d’alors occupaient le plus souvent une pièce aux dimensions modestes, dans l’enceinte d’une maison à usage d’habitation. Le village était peuplé de 400 habitants environ et créer un troisième débit de boissons tenait de la gageure.
Louis avait monté un commerce de poissonnerie et la recette quotidienne était aussitôt employée à la paye des maçons. Le chantier eut à subir en cette année 1921 l’incendie du Puech, le premier d’une trop longue série, encore présent dans la mémoire collective. Des témoignages directs certifiaient qu’ on craignait fort l’embrasement de la charpente à cause des « belugas » ( étincelles en occitan).
Très vite, le café devint le pôle d’animation du village dans cet entre- deux- guerres. On venait des villages environnants pour danser au son du phonographe le dimanche après-midi. Julienne , l’épouse de Louis, était réputée pour la qualité de sa cuisine et bien souvent la jeunesse locale la mettait à contribution pour cuisiner un lièvre ou des poulets parfois chapardés dans un poulailler voisin.
Puis, Louis étendit ses activités en développant le cinéma itinérant. Il y avait aussi des séances dans la salle du bas chaque dimanche et parfois même des projections en plein air sur un drap tendu contre le grillage de M. Rouvière de l’autre côté de la route. . Ceci a perduré avec son fils Louis, Loulou pour le plus grand nombre, jusqu’à la fin des années soixante. Loulou qui tint le commerce avec sa femme Francine de 1959 à 1994, tout en développant la station service aujourd’hui disparue, livrait le fioul à domicile et organisait des bals plusieurs fois dans l’année toujours dans la salle du bas.
Aux alentours de Noël commençait la saison des lotos. Traditionnellement, il s’agissait pour le cafetier d’arrondir ses fins d’années avec ces quines très appréciées par la population.
Jusqu’au début des années 70 se tenaient le loto du soir de Noël qui s’achevait à l’heure de la messe de minuit, le loto du jour de Noël et celui du 26 décembre, jour de la Saint Etienne.
Ce jour-là, les Saint Bauzillois en majorité agriculteurs ne travaillaient pas. C’était un jour chômé et les ouvriers agricoles comme leur patrons exploitants avaient tout loisir pour venir au loto de 5 heures. Le soir de la saint Sylvestre était organisé un concours de belote où jeunes et vieux rivalisaient en grignotant les assiettes de friandises préparées par la famille Bonnet accompagnées de mousseux. Le jour de l’an, nouveau loto à 5h. Bientôt, avec l’essor du mouvement associatif dans la commune, les lotos, toujours au café, en duplex avec la salle du bas, furent organisées par et au profit des associations.
Jusqu’ à la fin des années 80, on venait boire au café l’apéro du 14 juillet offert par la mairie. La veille au soir,avait eut lieu le concours de boules en triplettes dans la cour, organisé par le café mais primé par la mairie.
Je ne m’ attarderai pas sur la multitude d’apéritifs de mariage qui se déroulèrent à l’ombre des platanes ni sur les nombreuses animations épisodiques comme ce bal du 14 juillet devant les pompes à essence rythmé par l’orchestre local « Génération 83 ».
Avec la vente du café en 1994, commença une nouvelle ère pour le café qui coïncida peu ou prou avec un brusque développement démographique de la commune et un bouleversement dans les modes de vie. Le Café Bonnet changea de nom et dut s’adapter à la nouvelle organisation sociale du village.

Guy